
Jeu: l' aigle et le jaguar
Le jeu de l’aigle est du jaguar est un très ancien jeu de stratégie. Si les plus anciens codex en parlant semblent d’origine atlèque, beaucoup de peuples : zacoalts, atlecs, iktomis et cutchakans le font remonter à leur qetec. Quoiqu’il en soit ce jeu est très présent dans tout l’ouest du continent ainsi que chez les zacoalts huitze. Ce jeu est particulièrement bien considéré et est très souvent étudié par la noblesse, les militaires de haut rang, les guerriers mais aussi certains marchands. Dans ce divertissement, l’objectif pour chaque joueur est de déplacer ses billes ou palets dans le but de prendre des pions neutres et de les apporter à un endroit du plateau.
Le matériel
Ce jeu nécessite un peu de matériel à savoir un plateau de jeu comprenant une grille de 7 cases sur 7, 8 grosses billes colorées (4 d’une couleur et 4 d’une autre), 39 plus petites billes ou haricots, 4 dés bifaces et un bol servant à ranger les billes. La qualité du matériel mais aussi parfois sa forme varient fortement.
Dans sa version la plus simple le plateau est une simple planche de bois dans laquelle on a creusé des petites cavités rondes (pour les atlecs et zacoalts pochtan) ou carrées (pour les zacoalts huitze ou oltecamec). Parmi ces cases deux ont des formes différentes ou sont peintes en couleur sombre pour indiquer qu’elles sont un rôle différent. Sont aussi creusées de part et d’autre de la grille de petites tranchées

permettant d’indiquer les pions qu’aura capturés le joueur. Une version plus simple utilisée par les cutchakans consiste en un simple plateau tracé dans un tissu ou dans du cuir, ce plateau dispose d’un lacet qui permettra aussi de transporter les pièces de jeu. A l’inverse on trouve aussi des plateaux richement décorés qu’il s’agisse de plateaux en bois peints et/ou sculptés voir en pierre. Plusieurs cités atlèques ont d’ailleurs des plateaux publics sculptés sur des dalles ou de petites tables de pierre. On trouve aussi des plateaux en céramique où les « temples » sont de véritables petits temples.
Les billes qui serviront de pions sont elles aussi d’une qualité très variable. Dans sa version la plus simple les billes des joueurs seront de petites pierres vaguement rondes et les plus petites seront remplacées par des haricots ou grains de maïs. Il est cependant assez commun d’avoir des billes de céramique ou de bois. Pour les plus simples elles sont lisses : rouges et bleues pour celles des joueurs, noires pour les plus petites. Parfois les billes des joueurs sont sculptées ou peintes avec plus d’attention pour figurer des jaguars ou des aigles. Dans des versions extrêmement riches utilisées par certains notchapas ou paretches atlecs de très haut rang, les billes des joueurs sont en jadéite ou en or.
Les dés bifaces eux sont, pour les versions les plus simples, de simples haricots dont un côté a été marqué. Il est cependant très commun d’utiliser de petites plaquettes de bois plus ou moins sculptées dont un côté possède une marque distinctive.

Les règles du jeu
Il existe de nombreuses variantes à ce jeu mais l’une des versions les plus classiques est la version atlèque ou ancienne que l’on retrouve chez les atlecs, akoutlals, iktomis, zacoalts pochtans et yapanecs. Les règles de base seront aussi similaires pour les autres peuples.
Au début de partie le plateau est disposé comme suit. Chaque joueur aura le contrôle d’un groupe de pions correspondant soit aux aigles (généralement en bleu), soit aux jaguars (généralement en rouge). Les petites billes ou pions n’appartiendront à aucun des joueurs et devront être capturés par l’un ou l’autre. Deux cases déterminées correspondent aux temples.
Lors de son tour, un joueur lance les dés biface et selon le nombre de points visibles il devra déplacer deux de ses pions de cette distance dans une direction. On détermine la distance comme suit :
-1 : 1 case
-2 : 2 cases
-3 : 3 cases
-4 : 4 cases
-0 : 5 cases
Ce déplacement se fait en ligne droite et s’il entre en contact avec un bord il s’arrête. De même s’il devait traverser une case où se trouve un autre pion appartenant à un joueur il s’arrête devant ce pion. Si sur la case où il se trouve il y a un pion neutre, il le capture.

Ce pion le suivra alors dans tous ses déplacements. Si le mouvement d’un pion l’amène à terminer son déplacement sur une case occupée par l’adversaire, le pion de l’adversaire est retiré du jeu de même que tous ses captifs. Si un joueur termine son déplacement sur une case de temple, il est retiré du jeu mais les pions qu’il a capturés sont considérés comme gagnés par ce joueur. A noter qu’un pion qui devait passer par un temple peut toujours décider d’y terminer son déplacement. Une fois ses deux déplacements terminés (ou son déplacement s’il n’a plus qu’un pion) c’est à l’adversaire d’agir.
La victoire d’un joueur peut se faire de trois manières :
-au point : si un joueur gagne 8 points, il remporte la partie.
-la conquête : un joueur gagne si son adversaire n’a plus de pion et n’a pas fait 8 points.
-l’abandon : un joueur gagne si son adversaire abandonne.

Les variations
Du fait de son grand âge et de sa grande répartition géographique, on trouve plusieurs variations de ce jeu.
-la version cutchakanne : pratiquée par de nombreuses tribus cutchakannes, cette version se distingue par deux règles spécifiques. La première est qu’un pion n’est pas obligé de se déplacer en ligne droite mais peut aussi tourner durant son mouvement tant qu’il ne repasse pas par une case où il est déjà passé. La seconde est qu’un pion peut lâcher ses captifs sur une case avant son mouvement. Le premier pion à passer sur cette case aura alors tous les captifs. Du point de vue matériel, cette version se joue généralement non pas sur une plateau mais sur un tissus ou un grand morceau de cuir, parfois richement décorré. Les billes y sont souvent en pierre polies et les captifs sont des perles de bois.
-la version huitze : cette version possède une unique différence mais qui va changer radicalement le jeu. Lorsqu’un pion dépose des captifs dans un temple il n’est pas retiré du jeu. Il est de plus interdit de capturer un pion se trouvant dans un temple, le pion s’arrêtant sur la case d’avant. Par contre ce pion devra obligatoirement faire partie de ceux qui se déplaceront au tour suivant. S’il ne peut pas le faire car des pions se trouvent aux 3 issues, il est retiré du jeu. De plus un joueur ne peut occuper qu’un temple à la fois.
-la version toxcec : cette version se distingue sur plusieurs points. Tout d’abord d’un point de vue matériel, on n’utilise pas de bille sur un plateau creusé mais des palets similaires à ceux de l’opulc sur un plateau plat. On empilera ainsi les palets avec en haut celui du joueur. Dans cette version deux règles changent. La première est que les pions ne sont pas bloqués par les bords du terrain mais continuent leur route en réapparaissant de l’autre côté. De plus si un pion adverse est pris et qu’il avait des captifs, le pion l’ayant pris pourra garder ses captifs.
-la version yapanec : du point de vue des règles, cette version possède une grande différence avec la version classique : la possibilité qu’aucun des joueurs ne gagne. En effet dans cette version le seul moyen de gagner est d’obtenir les 8 points. Ainsi si un des joueurs n’a pas assez de points et l’autre perd sa dernière bille, les deux joueurs ont perdues. En revanche, si un joueur n’a plus qu’une bille, il n’a pas le droit de la ramener à un temple sauf s’il a suffisamment de captifs pour avoir 8 points.

L'importance du jeu
Le jeu de l’aigle et du jaguar est un jeu très fortement apprécié dont la pratique est encouragée pour tous les membres des élites atlèques et zacoaltes. On accorde à la pratique de ce jeu de nombreuses qualités comme développer l’intelligence, la spiritualité, la vivacité d’esprit, la prise de décision ou encore la chance. Son importance est telle que des joueurs de renom sont parfois recrutés par des notchapas ou membres de la noblesse et affronteront d’autres joueurs professionnels. De même il arrive que des notchapas ou paretches rivaux s’affrontent à ce jeu, non pas pour déterminer l’issue d’un conflit mais surtout pour se tester. A noter que ce jeu est aussi pratiqué par de nombreux prêtres qui la plupart du temps méprisent ce genre d’activité.
En réalité cet attrait pour ce jeu est aussi lié à son aspect très symbolique car il est censé enseigner le fonctionnement du monde. Le plateau est composé de 7 colonnes représentant les 7 patchamas et de 7 lignes représentant les 7 mois lunaires. Les temples sont situés sur l’axe central -l’axe du soleil- et sont symboliquement l’est (à gauche) qui est le lieu où le soleil se lève et l’ouest (à droite) là où le soleil se couche. Au sud (en haut) se trouvent les pions du joueur incarnant le soleil au zénith dont l’aigle est le symbole. A l’inverse au nord (en bas) on trouve le joueur incarnant le soleil nocturne dont le symbole est le jaguar. En jouant chacun leur tour les joueurs font ainsi défiler le jour et la nuit et donc le passage du temps. Les pions devant être capturés sont des captifs qui devront être sacrifiés dans les deux temples. Le nombre de 8 sacrifices correspond à un sacrifice pour chaque patchama plus un pour le qetec. On considère que chaque joueur a un qetec différent. Les dés représentent le destin parfois favorable, parfois non, catastrophes naturelles, maladies…. Ainsi les joueurs agissant chacun leur tour font passer les jours et s’écouler le temps, soumis aux caprices du destin et du monde ils luttent entre eux pour prouver la supériorité de leur qetec (de leur peuple) mais dans tous les cas ils cherchent avant tout à nourrir les patchamas qui soutiennent le monde. Ainsi même ennemis mortels et irréconciliables (le jaguar et l’aigle), ils œuvrent tous deux au maintien du monde.