
Les prêtres et chamans
Eléments très importants de la vie cultuelle des peuples de Catchaluk, les sacrifices sont au cœur de la plupart des pratiques. Presque uniquement exercés par des prêtres et chamans, ou sous leur supervision, ils ont une très grande importance et sont fortement connotés positivement par tous les peuples.
La distinction prêtre/chaman
S’ils sont tous les deux des personnes aux services des divinités et jouent souvent un rôle assez similaire prêtre et chaman sont assez différents sur de nombreux points. En effet si la profession de prêtre est certainement une évolution de celle du chaman, aujourd’hui les deux voies sont bien distinctes et bien souvent les prêtres sont au mieux méfiants et parfois clairement hostiles envers les chamans.
L’une des premières formes de distinction est le cadre d’exercice. Le prêtre lui officie presque toujours dans un temple même si l’on trouve quelques prêtres vagabonds n’ayant pas de lieu strict. Il évolue au sein d’une hiérarchie plus ou moins développée et vit généralement au sein de sa ville ou de son village auprès de son lieu de culte. Dans le cadre des grandes villes les prêtres disposent même de quartiers dédiés. Enfin il n’est pas rare (surtout dans les grandes villes) que les prêtres se spécialisent que ce soit dans le culte d’un dieu ou certaines activités. De son côté le chaman n’aura généralement pas de temple. S’il peut avoir un petit autel, ce dernier sera souvent dans sa maison ou dans certains cas dans un lieu éloigné du village à même la nature. Œuvrant souvent seul il ne fait partie d’aucune hiérarchie officielle et seule l’expérience et la renommée créent des formes de hiérarchie implicite. Le chaman sera de plus souvent isolé vivant hors de sa communauté ou au moins en marge du village. De plus les chamans non seulement ne se spécialisent pas dans le culte d’une divinité, mais il leur arrive aussi de faire appel aux esprits, chose mal vue par les prêtres. De plus si les prêtres sont communs chez les atlecs, aweches, zacoalts, iktomis et akoutlals, ils sont absents des cultures oxotllies, cutchakans, tucoyas et tiguies. Chez ces peuples se sont les chamans qui sont la norme. De manière plus anecdotiques on trouve aussi des chamans chez les zacoalts huitzes, yapanecs et mapanitls ainsi que chez les akoutlals et iktomis.
Un autre cadre de distinction est celui de l’apprentissage, l’apprentissage du prêtre se fait souvent dans un cadre très strict et codifié (quoiqu’il y ait des variations selon les peuples et régions). S’il peut se faire seul avec un prêtre en fonction, dans et proches des villes l’apprentissage se fait dans des écoles. L’apprentissage de la lecture est d’ailleurs un élément majeur de cet apprentissage car une partie passera par l’étude de codex. A l’inverse l’apprentissage pour un chaman est souvent très informel. Généralement le chaman choisit une jeune personne qui lui succèdera. Cette dernière ne le quittera alors pas durant tout son apprentissage, apprenant en voyant son maître pratiquer, en écoutant ses histoires et par mimétisme. Lors de cet apprentissage très informel, l’apprenti devra passer de nombreux rites pour se connecter au monde. Il est très rare que cette étude fasse appel aux codex (et à la lecture) la tradition orale étant jugée bien plus importante.
Autre grande distinction, le rôle des prêtres et chamans est sur de nombreux points assez différent. Si l’on retrouve de nombreuses tâches communes (conseil, réalisation des rites visant à maintenir le monde, connaissance du calendrier, enseignement aux jeunes etc…), il arrive souvent qu’ils se distinguent par d’autres rôles. Le prêtre aura généralement une tâche bien plus définie et spécialisée et se contentera souvent de sa tâche religieuse. Le chaman lui est bien souvent plus polyvalent. Souvent moins compétent que le prêtre sur les questions théologiques pointues et ayant une connaissance limitée des rites de magie divine, il est aussi devin et herboriste.
Enfin la perception des prêtres et chamans est elle aussi très différente. Chez de nombreux peuples dits civilisés , le prêtre est un symbole du culte civilisé. Il est vu comme un érudit et un sage. A l’inverse le chaman est vu comme plus primitif, sauvage et un être dont il faut se méfier. Il est certes devin mais sa consommation excessive d’herbes hallucinogènes le rend difficile à comprendre. Il est bien plus un mystique qu’un intellectuel. Chez les peuples réputés plus sauvages (oxotllis, tiguis et cutchakans), les chamans sont vus avec un mélange de profond respect et de crainte. Véritables guides spirituels mais aussi médecins, ils sont considérés comme plus proches du monde et des divinités que les prêtres.
Devenir prêtre
Si devenir chaman dépend fortement du chaman qui enseigne, devenir prêtre est une chose généralement bien plus ordonnée et cadrée. Cet apprentissage peut prendre deux formes distinctes selon le contexte et la culture.
Voie classique
La voie la plus classique pour devenir prêtre est de passer par une école religieuse. Généralement ce sont les fils de la noblesse, de l’administration et de guerriers de hauts rangs qui accèdent à ces écoles. Plus rarement, des enfants issus du commun peuvent y accéder s’ils font preuve d’un intellect hors du commun (surtout chez les iktomis et zacoalts) et sont soutenus par leurs professeurs. Au sein des écoles religieuses, les enfants seront en pension et suivront un cursus tourné vers les activités intellectuelles, la connaissance des mythes, coutumes et traditions et ce jusqu’à leurs 16 ou 17 soleils. Si la plupart des enfants de ces écoles ne deviendront pas prêtres, une partie pourra en faire la demande auprès de ses professeurs (tous prêtres). Ceci aura généralement lieu vers leurs 14 ou 15 soleils. S’ils poursuivront un temps leurs études avec les autres élèves, ils commenceront aussi à étudier plus en détails les rites, la lecture et les mythes en vue de l’étape suivante de leur formation.
Une fois sortie de l’école religieuse, ils seront envoyés dans le quartier des prêtres où ils poursuivront leurs études. Ils deviendront apprentis et devront effectuer de nombreuses tâches comme l’entretien des lieux de culte, la tenue des lieux destinés à recevoir les sacrifices (aux entrées des villes), la préparation des repas, l’entretien des lieux de repos et du matériel, etc… Souvent mis à l’épreuve et rudement châtiés en cas d’échec, cette période débouchera vers leurs 23 soleils au rite d’éveil. Une fois ce rite effectué, ils deviendront des prêtres assistants. Toujours en charge d’une partie des tâches ménagères surtout concernant les idoles divines et le matériel sacrificiel, ils seront autorisés à étudier la magie divine, et assisteront les prêtres plus chevronnés dans l’ensemble des rites. Cette période dure environ cinq ans et durant cet approfondissement, le prêtre assistant pourra commencer à s’orienter vers certaines spécialités (culte d’une divinité spécifique, prêtre itinérant, enseignements aux enfants dans les écoles du peuple, prêtre guerrier etc…).
Ce n’est qu’à l’issue de cette période que la personne deviendra un prêtre à part entière. Elle se verra alors symboliquement remettre sa bourse à copal et divers matériaux par le grand prêtre local. La personne recevra aussi son idole divine personnelle.
L' éveil
L’éveil est le rite le plus important que doit passer tout prêtre ou chaman. Prenant place à un moment charnière, il peut avoir diverses formes mais amènera généralement la personne dans un état second et proche de la mort (même s’il n’y a pas de réel danger). Parfois long de plusieurs jours parfois très court, il a pour but d’aider la personne à se connecter à ce monde et aux divinités. Une croyance commune veut que sans ce rite une personne ne peut pas faire appel à la magie divine et ne peut pas nourrir correctement les dieux.
Voie héréditaire
Cette manière de devenir prêtre est généralement limitée aux petits villages de province mais est aussi la voie privilégiée par le peuple akoutlal. Ici l’aspirant du prêtre sera souvent choisi très jeune lors de son éducation au sein du village. Si un enfant montre de bonnes dispositions intellectuelles, une grande curiosité à propos des rites et des mythes, il se peut que le prêtre choisisse de former ce dernier comme apprenti. Dans ce cas le prêtre fera au mieux pour donner au jeune enfant une éducation similaire à celle qu’il aurait eu auprès d’une école religieuse. Il lui apprend à lire (et parfois à écrire), les rites, les mythes en suivant les étapes. Après avoir appris les éléments de base, le prêtre fera de cette jeune personne son apprenti. L’apprenti l’assistera dans ses tâches quotidiennes, entretiendra le temple, devra effectuer des retraites etc… et ce jusqu’à ce que le prêtre juge qu’il lui a enseigné tout ce qu’il savait. Cette période dure généralement jusqu’aux 19 à 23 soleils de l’apprenti. Cette partie de son apprentissage se terminera par le rite d’éveil qui fera de lui un prêtre même s’il gardera le grade d’apprenti.
Une fois cette première étape terminée, le prêtre enverra son apprenti auprès d’autres prêtres qu’il connait où la jeune personne poursuivra son éducation. Il passera ainsi par plusieurs prêtres étudiant auprès d’eux, lisant leurs codex etc… et ce durant une durée de trois à dix ans. Une fois son périple terminé, il pourra alors revenir chez lui où il assistera le prêtre jusqu’à sa mort ou que ce dernier lui laisse sa place. Parfois si le prêtre en place juge qu’il n’est pas prêt il pourra le renvoyer étudier auprès d’autres prêtres. Il arrive aussi que ses apprentis itinérants finissent par arriver dans des écoles religieuses ou un prêtre acceptera parfois de terminer leur éducation.
Les différents types de prêtres
Contrairement aux chamans, les prêtres possèdent tout un ensemble de spécialités propre à leur fonctionnement, mais aussi une hiérarchie entrainant différentes places.
La hiérarchie
La hiérarchie occupent une place importante pour les prêtres surtout ceux des grandes villes où le culte est développé et comprend un certain nombre de membres. On y trouve 4 positions :
-l’apprenti : ayant tout juste terminé son étude à l’école religieuse, il est celui qui commence à devenir un prêtre.
-le prêtre assistant : bien que prêtre il est toujours en étude et choisit ou non de se spécialiser.
-le prêtre : membre commun du culte, ce grade recouvre un grand nombre de réalités allant du prêtre de village effectuant seul ou presque toutes les tâches religieuses, aux prêtres spécialisés dans les grandes villes.
-le haut prêtre ou grand prêtre : ce grade n’existe que dans les villes. Il est le prêtre qui dirige l’ensemble du culte de la ville ou, s’il y a plusieurs temples spécialisés dans des cultes précis, un temple. Il mène les cérémonies majeures mais au quotidien il veille au bon fonctionnement du temple et enseigne à ceux qui souhaite se spécialiser dans un culte qu’il dirige.
Les prêtres itinérants
Les prêtres itinérants sont des prêtres qui après leur période de prêtre assistant choisissent, plutôt que de rester dans un temple de partir de par le monde. Les raisons de ce choix sont multiples. Volonté d’utiliser son savoir et ses pouvoirs pour aider, soif de savoir, incompatibilité avec les prêtres locaux etc… Allant de villages en villages, venant parfois en aide aux voyageurs et marchands, ces prêtres sont généralement bien plus débrouillards que les autres et sont bien plus à même d’utiliser la magie divine (la plupart des autres prêtres ne l’utilisant qu’en dernier recours). Leur propension à utiliser les rites magiques fait que parfois ils sont mandatés par un temple pour aller aider un village ou une communauté. Les relations des prêtres « sédentaires » et des prêtres itinérants sont souvent assez tendues allant de la méfiance vis-à-vis de ces voyageurs à un mépris clairement affiché.
Les prêtres guerriers
Le cas des prêtres guerriers est assez particulier. Il s’agit de prêtres ayant fait le choix alors qu’ils étaient assistants de se tourner vers les métiers des armes. Etudiant le combat auprès de guerriers recrutés par le temple, ils sont souvent moins érudits que les autres prêtres qui passent plus de temps à étudier les rites et textes. Très respecté, ce choix assez rare est souvent soutenu par une volonté de vouloir aider sa cité en campagne, de vouloir protéger la population de toutes les menaces et/ou la volonté de trouver de meilleurs sacrifices pour leur usage personnel ou celui du temple.
Portant souvent des signes distinctifs (motifs sur le bouclier, visage peint d’une certaine façon, coiffure particulière etc…) en temps de paix ils aident à la protection des temples et jouent le rôle de simple prêtre et en temps de guerre ils se joignent aux troupes du seigneur local où ils jouissent d’un statut particulier.
Les autres prêtres
Il existe beaucoup d’autres variétés de prêtres surtout présents dans les villes. On trouve par exemple les prêtres en charge de l’enseignement. Si dans les écoles du peuple ceci peut être dévolu aux jeunes prêtres, enseigner dans les écoles religieuses est réservé aux prêtres plus anciens et est une tâche très respectée. On trouve ensuite des prêtres chargés de l’intendance qui coordonnent notamment le travail des apprentis, surveillent les stocks font les demandes pour obtenir des sacrifices. Une autre spécialité commune est celle des scribes qui sont en charge de l’entretien et de la copie des codex mais aussi de la surveillance des calendriers.
Apparence des prêtres
Bien que portant des costumes et décorations très différents selon les peuples et cultes, les prêtres sont toujours reconnaissables facilement. Cela peut être une coiffe rappelant un animal ou une créature mythique, des vêtements particuliers, des peintures faciales… on trouve un très grand nombre de variations. Il existe cependant un certain nombre de points communs à tous les prêtres. Avant tout la plupart ont les cheveux longs et plutôt sales à cause du sang séché, ils exhalent d’ailleurs une odeur particulièrement nauséabonde du fait du temple où is travaillent (lieu où l’on trouve du sang, des cœurs et cadavres). Ce point est toutefois à nuancer car les prêtres akoutlals sont en général très propres et les prêtres itinérants ne charrient pas l’odeur des temples. En plus de cela les prêtres ont tous des marques de sang séché sur les oreilles en raison de leur sacrifice quotidien. Les prêtres se distinguent aussi par au moins 2 éléments qu’ils ont toujours avec eux : une dague sacrificielle plus ou moins décorée et dont la lame est en silex ; et une bourse contenant du copal, une résine servant d’encens.
Le rôle des prêtres et chamans
Rôles commun
Bien que différents prêtres et chamans partagent un certain nombre de rôles communs. Le premier et le plus évident est celui de faire perdurer le monde en effectuant des sacrifices aux patchamas. De même prêtres et chamans sont des conseillers privilégiés voir les seuls interlocuteurs compétents pour toute questions liée au surnaturel mais aussi aux calendriers. De même lorsqu’un peuple n’a pas de prêtre, le chaman occupe un rôle sensiblement similaire à celui d’un prêtre en ayant un rôle plus ou moins poussé dans les affaires politiques, judiciaires et d’instruction des enfants.
On trouve de plus d’autres particularités communes. Il arrive en effet souvent que les prêtres et chamans acceptent de louer leurs services. En effet il arrive que des prêtres et chamans acceptent d’effectuer certains rites magiques, bénédictions et pour les moins recommandables malédictions. En échange il est de coutume que le bénéficiaire apporte ce qu’il faut en sacrifice plus un paiement parfois important permettant au prêtre/chaman d’acheter les éléments nécessaires au rituel plus une somme plus ou moins importante pour lui et/ou son temple. Généralement ce coût est assez élevé surtout pour les prêtres des grandes villes. Le coût sera par contre généralement bien plus faible (parfois simplement le gite et le couvert plus le sacrifice et le matériel) pour les quelques prêtres errants. Ce type de pratique ne s’applique bien entendu jamais pour un prêtre lorsque le rite vise à aider le village où il vit.
Rôles du prêtre
Selon la situation et son grade dans une éventuelle hiérarchie le prêtre jouera souvent de nombreux autres rôles. Avant tout il aura pour tâche l’entretien du temple local. Le prêtre de plus haut rang aura aussi souvent d’importantes fonctions dans le domaine politique que ce soit comme conseiller direct du dirigeant local (chef de village, paretche, notchapa etc…) ou parfois en ayant un rôle plus direct comme l’organisation des cérémonies importantes, les intronisations etc…
Selon la spécialisation certains prêtres auront aussi pour tâche de veiller à la bonne construction des bâtiments officiels ou pyramides, rédiger des chroniques, veiller au respect des coutumes et traditions, d’autres comme les prêtres de Patchama Coctolo jouent parfois le rôle de devin, etc…
Dans tous les cas les prêtres sont toujours des acteurs très importants de la vie locale et sont pleinement intégrés au monde du commun.
Rôles du chaman
A l’opposé du prêtre le chaman vit le plus souvent en marge des siens (parfois éloigné de tout). Se mêlant rarement de politique, il participe souvent aux grandes décisions en sa qualité de devin. En effet par la pratique de rites précis les chamans peuvent tenter de percevoir l’avenir et à ce titre ils sont souvent consultés par les chefs mais aussi par certaines personnes du commun avant certains actes importants. Certains chamans sont d’ailleurs très prisés dans le domaine et sont parfois demandés à la cour de certains notchapas y compris s’ils ne sont pas zacoalts.
Autre rôle important la plupart des chamans sont connus pour leurs talents de guérisseurs. Herboristes corrects, certains sont très réputés dans ce domaine et il n’est pas rare dans certaines communautés que le chaman soit aussi le seul médecin du village.
Enfin certains chamans jouent aussi des rôles plus sombres comme faire appel à la magie non divine ou concocter des poisons. Ces pratiques sont officiellement condamnées mais malgré tout elles perdurent. Du point de vue des chamans qui les pratiquent, ils ne font qu’explorer d’autres possibilités de ce monde.
Les chamans tucoyas
Les chamans tucoyas ont une apparence très particulière. En présence d’autres personnes que leurs élèves, ils portent un costume traditionnel composé de longues feuilles de palmes séchées qui leur recouvre tout le haut du corps. Autour de la taille ils portent une sorte de longue jupe similaire les couvrant jusqu’aux pieds. Sur la tête il porte une sorte de grande coiffe conique réalisée en roseaux n’ayant que de fines fentes au niveau des yeux et de la bouche. Il en résulte que seuls leurs bras et leurs pieds sont visibles de tous. Ce costume, plus que signaler leur statut particulier est surtout là pour cacher leur corps aux êtres du monde terrestre car les chamans bien qu’humains sont considérés comme ayant des liens particuliers avec le surnaturel. Le fait pour un non chaman de voir leur corps, surtout lors des rites pourrait selon la tradition tucoya affaiblir ce lien voir leur retirer leurs pouvoirs.
Les devins
Si la divination est pratiquée par certains prêtres et chamans, on trouve aussi des devins dans le monde profane. Ces derniers n’ont pas de lien particulier avec le surnaturel ou religieux et sont vus comme dépositaires de connaissances spécifiques qui lui permettrait de répondre à des questions, d’avoir un aperçu de l’avenir etc… Contrairement aux chamans et prêtres pouvant utiliser des rites et substances hallucinogènes pour avoir des visions de l’avenir, les devins utilisent des outils (souvent pierres, coquillages, ossements ou bouts de bois). Chaque outil de divination est généralement propre à un devin et sont généralement les mêmes que ceux de son professeur, souvent un parent proche. Parfois très simples, parfois décorés ou sculptés et suivant une méthode de construction très stricte accompagnés de quelques rites spécifiques, ces outils n’en sont pas pour autant vus comme des objets surnaturels. L’utilisation de ses outils sera différente jetés au sol directement, sur un tapis à l’aide d’une carapace de tortue ou d’un gobelet… tout le travail du devin sera d’interpréter ce qu’il voit pour répondre à une question de la personne qui vient le voir.
On retrouve des devins chez la plupart des peuples mais leur importance est très variable. Seuls les oxotllis et tucoyas semblent ne pas connaitre de devins, les tâches de ce dernier relevant du chaman. Plutôt rares chez les cutchakans, akoutlals et zacoalts, ils sont tout particulièrement mal vus chez les toxcecs. Au sein de l’Empire Atlec, on trouve de nombreux devins mais l’activité de ces derniers est très surveillée et souvent méprisée par les prêtres. Jugés par ces derniers, il n’est pas rare qu’un devin se trompant trop souvent dans ses prédictions soit poursuivi en justice et lourdement sanctionné (parfois de mort). De manière globale, on trouve régulièrement des devins conseillant les notchapas zacoalts, surtout huitzes et mapanitls, ainsi que certains paretches. Parfois spécialisés dans certains domaines (naissances, conseil commercial, aide aux soins…) certains devins considérés comme très fiables ont une vie particulièrement aisée faisant payer très cher leurs prestations et recevant de nombreux cadeaux. C’est surtout dans la culture tiguie, aweche et mapanitl que les devins sont les plus appréciés et les plus écoutés. Chez les tiguis ils jouent d’ailleurs un rôle central dans les grandes prises de décision notamment pour déclencher des raids. Cependant ce poste est aussi dangereux car un devin qui donnerait un trop mauvais présage avant un raid ou qui assurerait une victoire alors que le combat serait une défaite met souvent sa vie en jeu.
Corps léger
Pour de nombreux devins tiguis et zacoalts mapanitls, il faut avoir le corps et l’esprit allégé pour bien interpréter l’avenir. Aussi il est de coutume qu’avant toute divination le devin jeune durant une journée. Cependant il arrive qu’un devin ne puisse pas jeuner. Dans ce cas les devins gardent toujours sur eux une spatule spécifique, souvent finement sculptée dont le seul but est de les faire vomir avant un présage.