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Le surnaturel

Le terme surnaturel est une facilité qui n’a pas réellement d’équivalent strict dans la pensé des peuples de Catchaluk. Dans la pensé de ces peuples il n’existe pas réellement de distinction entre ce qui relève du naturel et du surnaturel. En revanche on trouve une distinction entre ce qui relève de l’ordre des choses et ce qui n’en relève pas. Ainsi très souvent des maladies, esprits, les rites de certains prêtres mais aussi des dons hors du commun, certains handicapes, une chance hors norme, certains animaux, évènements climatiques etc… relèvent de cet hors norme que l’on pourrait qualifier de surnaturel. 

La magie

Considérée comme hautement contre nature, la magie peut en réalité prendre deux formes très différentes à savoir la magie divine associée aux prêtres et chamans et la magie non divine pratiquée par les sorciers et certains chamans. 

La magie divine

La magie dite divine est la magie qui comme son nom l’indique provient des dieux et plus particulièrement des Patchamas et des Qetecs. Elle est une chose complexe prenant la forme de rites sacrificiels très précis visant à obtenir des effets. Ces rites sont des connaissances relativement rares gardés précieusement par les prêtres et chaman et ne doivent pas être confondus avec les sacrifices courants visant à nourrir les dieux. De manière assez schématique, ils prennent la forme d’une sorte d’échange entre le prêtre et la divinité. 

Avant toute chose, il est essentiel de garder à l’esprit que ces rites sont d’une extrême dangerosité pouvant mener à la mort du prêtre ou chaman. En effet lors de ces rituels l’officiant sera intimement lié à la divinité à laquelle il fait appel et cette divinité va souvent le blesser au passage. Cela prendra souvent la forme de saignement par les oreilles, les yeux, la bouches et d’autres cavités. Si ce coût payé par le prêtre semble plus important pour certains rites, il semble y avoir une certaines variations d’un rite à l’autre et certains individus mieux préparés semble plus aptes à résister à ces effets. Il y a beaucoup de débat sur la nature même de ce risque. L’explication la plus courante est simplement une conséquence malencontreuse du lien entre le prêtre et la divinité soit du fait de la faiblesse de la nature humaine, soit de la différence d’échelle entre l’humain et le divin. Dans ce dernier cas on dirait que pour la divinité réussir sans toucher l’officiant reviendrait à traverser une forêt sans toucher une feuille. Une autre interprétation de ce phénomène est que cet effet serait une sorte de punition de la part de la divinité (ou du qetec du peuple) car en faisant appel à ces rites le prêtre/chaman dépasserait sa fonction. Cette seconde option est parfois privilégiée car dans les rares cas où un prêtre ferait appel à un de ces rites à plusieurs reprises durant une même année lunaire, les conséquences seraient encore plus funestes pour lui. 

Pour ce qui est du rite en lui-même, il est sûr de nombreux point assez proche des sacrifices pratiqués lors des grandes occasions avec quelques différences notables. La principale est la consommation d’herbe-dieux permettant selon les croyances de se rapprocher du divin. Le rituel sera souvent très précis et demandera non seulement un sacrifice plus ou moins important (généralement un animal) mais aussi une certaine quantité de matériel. Ayant un aspect assez théâtral, il prendra plusieurs minutes. Si le prêtre le mène à bien, il se termine par une sensation assez indescriptible pour le prêtre comme une brève possession, se caractérisant d’un point de vue extérieur par des spasmes et une révulsion des yeux.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser cette magie divine, bien que puissante n’est pas toujours bien vue tant par les prêtres que la population. Elle est souvent une sorte de semi-interdit mystique car pour beaucoup elle violerait l’ordre des choses. D’autres y voient plus prosaïquement un risque inutile pour le praticien (prêtre ou chaman) qui jouit d’une importance et d’une place particulière dans la société. Il existe aussi une très grande méconnaissance du fonctionnement et des possibilités de ces rites tant parmi la population que parmi de nombreux prêtres et chamans. On trouve d’ailleurs de nombreux prêtres n’en connaissant pas ou un seul et de manière très floue. 

De manière plus globale la dangerosité du rite, son cout en matériel/temps/sacrifice, la vision qu’ils ne relèvent pas du rôle des prêtres/chamans et la faible connaissance des rites en eux même font qu’il est très rare que l’on y fasse appel. En effet la plupart des prêtres ne feront appel que d’un à trois rituels durant toute leur vie voir n’y feront jamais appel. Si les chamans seront souvent plus enclins à les utiliser cela dépassera rarement la dizaines d’utilisation sur une vie. Globalement ces rites sont souvent vue comme la dernière solution face à un problème majeur.

L'herbe-dieux

Herbe dieux est un nom générique donné à diverses plantes et champignons ayant une plante légèrement toxique, euphorisante et hallucinogène. Variable d’un peuple à l’autre elles sont considérées comme sacrées et permettraient d’établir une connexion particulière entre les prêtres/ chamans et divinités lors des rites. 

La magie non divine

La magie non divine ou sorcellerie est dans la forme assez proche de la magie divine en ce sens qu’elle prend la forme de rites sacrificiels. Cependant au lieu de faire appel à des divinités elle fait appel à des esprits plus ou moins bien intentionnés. Toute aussi dangereuse, les esprits qui y sont appelés pourront non seulement se servir dans le corps de l’officiant (nommé sorcier) à l’image des dieux mais pourront aussi se venger de ce dernier en retournant le rite contre lui. Pour se prémunir de la vengeance des esprits appelés, il est courant que l’officiant porte un masque pour éviter qu’ils ne le reconnaissent et tentent de s’en prendre à lui une fois que le rite aura fait effet. 

Contrairement à la magie divine ces rites de sorcellerie déboucheront souvent sur la création d’un objet qui va lier l’esprit et le forcer à produire son effet. Cet objet pourra soit être gardé par le sorcier, soit être caché près de sa cible. Il semble établi que si l’objet est détruit, la magie cesse de faire effet. Autre différence avec la magie divine, la sorcellerie ne demande ni la consommation d’herbe-dieux, ni la présence d’une idole divine. En revanche la consommation de plantes hallucinogènes censées ouvrir aux esprits est nécessaire.

Bien qu’elle n’ait pas forcément pour but de nuire, la sorcellerie est presque universellement condamnée et peut être punie de mort chez des nombreux peuples (atlecs, aweches, huitzes, toxcecs et akoutlals). Elle est légèrement mieux acceptée chez les tiguis, cutchakans, tucoyas et oxotllis même si sa pratique entraine une grande méfiance et souvent une mise au ban de la société. Cela n’empêche pas un certain nombre de personnes de s’adonner à ces pratiques et d’être plus ou moins connues localement. Il est a noté que certains chamans connaissent et pratique des rites de sorcellerie rendant la distinction entre chaman et sorcier relativement floue.

Les sorciers

Le sorcier est une personne qui pratique la magie non divine. Ayant acquis ses connaissances auprès d’un autre sorcier, cette personne vie souvent recluse cachant plus ou moins son savoir-faire tout en proposant ses services moyennant paiement. Il existe une certaine hypocrisie vis-à-vis des sorciers chez la plupart des peuples. Facilement accusés dès qu’une chose étrange se produit, vue comme dangereux et parfois plus totalement humains... nombre de personnes font appel à leurs services pour se débarrasser d’un ennemi, régler un problème, se soigner ou obtenir des poisons. Certains socier jouent sur la crainte qu'ils peuvent exercer pour soutirer des ressources à certaines personnes et on trouve même des individus, plus ou moins malins se faisant passer pour des sorcier pour escroquer ou intimider leurs victimes. 

Les waykuals et naybals

Naybals et waykuals ne sont pas des êtres surnaturels à proprement parler puisqu’il s’agit en réalité d’humains pouvant se transformer en animal. Généralement très mal vus, on les considère le plus souvent comme des personnes ayant été maudites pour leurs mauvaises actions dans leurs vies précédentes. Certains prêtres et érudits vont plus loin en avançant que les naybals et waykuals seraient en réalité des créatures issues de l’huitzilbalcoalt venues semer le trouble sur terre. Dans certaines régions on les assimile aussi à des sorciers usant de transformations pour commettre leurs sombres méfaits. Pour toutes ces raisons les naybals et waykuals sont extrêmement mal vus par la plupart des peuples et sont généralement tués dès qu’ils sont découverts (surtout chez les atlecs, aweches, iktomis et zacoalts sauf mapanitls). 

Chez certains peuples la tolérance est légèrement plus grande et certains naybals sont autorisés à vivre sous certaines conditions. C’est par exemple le cas chez les akoutlals où ceux qui se transforment en renard ont le droit de vivre s’ils restent hors du village, ne prennent pas d’épouse et n’ont pas d’enfants. Chez les tiguis seules les femmes se transformant en boa et les homme sen crocodile/caïman ont le droit de survivre. Elles sont alors abandonnées sur une île jusqu’à la maitrise de leur don et à leur retour (si elles survivent) elles se verront remettre un tatouage spécifique, auront une maison personnelle (chose rare pour ce peuple) et auront de nombreux privilèges. De nombreuses attaques d’animaux sauvages sont d’ailleurs imputées aux waykuals. 

Cette méfiance vis-à-vis des naybals et waykuals n’est pas absolue car chez la plupart des cultures oxotllies et pour beaucoup de tribus cutchakannes cette capacité de transformation est en réalité un don et les waykuals sont très respectés. 

Les tucoyas de leur côté ont une vision assez différente des naybals et waykuals. Selon eux ces derniers sont en réalité le produit d’une erreur des divinités. A la naissance le naybal aurait reçu par erreur deux âmes l’une d’un animal et l’autre son âme d’humain. Si l’âme humaine est la plus forte, l’âme animale tente de se libérer et de donner au corps une forme qui lui convient mieux. Les naybals sont alors perçus comme des êtres souffrants qui doivent être aidés. Ils ne sont de plus pas tenus des crimes qu’ils commettent en tant qu’animal. Pour les aider on les envoie vers un chaman ou un waykual qui les prendra sous son aile. L’état de waykual est alors vu comme une situation où la personne arrive à faire cohabiter ses deux âmes. Contrairement à d’autres peuples on s’attend à ce que le waykual puisse laisser sa part animale s’exprimer dans des conditions sûres. Un waykual qui ne laisserait jamais sa part animale s’exprimer serait aussi mal vu qu’une personne tentant d’imposer sa volonté au village et sera souvent réprimandé par les habitants. 

A l’origine tous les waykuals sont des naybals. Un naybal est un individu qui durant son sommeil se transforme en animal. Cette transformation est totalement involontaire et ne laisse aucun souvenir.  Si certains individus sont des naybals de naissance, il arrive souvent que la malédiction ne se manifeste que plus tard souvent vers l’adolescence. Il est cependant extrêmement rare qu’elle se manifeste au-delà de 20 ans. Hors des cas de transformation, le seul signe permettant de distinguer un naybal d’un autre être humain est la présence d’une marque. Cette marque généralement rougeâtre peut apparaitre n’importe où sur la peau et a la forme d’une morsure de l’animal dans lequel se transforme l’individu. Parfois très visible, elle se cache parfois dans des recoins inattendus comme derrière une oreille, sur le cuir chevelu, sur la langue ou dans le sillon inter-fessier. Si elle peut être présente à la naissance (ce qui donne souvent lieu à la mise à mort du bébé), elle apparait généralement suite aux premières transformations et est souvent accompagnée de cauchemars.

Les waykuals sont une forme d’évolution des naybals. Lorsqu’un naybal découvre son don et qu’il n’est pas mis à mort, il peut tenter d’apprendre à maitriser la bête qui est en lui. Généralement il fera appel à un chaman ou parfois à un prêtre compréhensif. Grâce à diverses méthodes comprenant souvent l’ingestion de diverses plantes psychotropes, il entrera en contact avec sa part animale et apprendra à la maitriser. Avec le temps il pourra plus ou moins maitriser ses transformations et restera relativement conscient lors de ces dernières. Il devra cependant veiller à toujours garder un certain contrôle de lui car lors de grand stress, une forte émotion ou un grand danger il pourra involontairement se transformer. De même une fois transformé il pourra temporairement perdre le contrôle, l’animal en lui cherchant à suivre ses instincts, et il pourra avoir des difficultés à reprendre forme humaine. Enfin s’il meurt sous sa forme animale, il gardera cette dernière. 

Au-delà de leur nature même, plusieurs éléments semblent perturbant concernant les naybals. Le premier est que l’animal dans lequel se transforme la personne semble toujours être un animal adapté et endémique de son milieu et seuls certains grands mammifères et serpents sont concernés. Parmi les plus communs on trouve : le puma, le jaguar, le boa, le condor, le singe-hurleur, le coyote, l’ours, le pécari… Un autre point posant de nombreuses questions concerne l’influence du caractère de l’animal sur la personne. En effet, on constate que les naybals d’un certain animal auront souvent des traits de caractère similaire. Cependant les rares personnes s’étant penché sur la question ne savent pas déterminer si c’est le caractère de la personne qui influe sur l’animal ou bien l’animal qui influe sur le caractère de la personne.

Enfin se pose la question de leur fréquence. Avant toute chose les naybals sont très rares et les waykuals encore plus. Ceci étant dit, il est difficile d’établir des règles universelles. En effet ils semblent bien plus présents chez certains peuples comme les oxotllis et cutchakans alors qu’ils sont quasi inexistants chez les aweches, akoutlals et atlecs. Chez les huitzes que l’on pourrait considérer comme une moyenne on trouve un naybal pour environ 8.000 à 12.000 personnes. Cette rareté plus ou moins importante ne semble pas uniquement due au fait que les naybals sont plus ou moins acceptés et que beaucoup sont contraints de se cacher. Un autre facteur semble être le jour de naissance. La plupart des naybals semble en effet être nés durant des jours jugés par leur peuple comme particulièrement néfastes. Enfin il semble y avoir des périodes propices à leur apparition. Ainsi plusieurs futurs naybals peuvent naître dans une région réduite sur quelques mois ou années puis plus aucun durant des décennies. De même certains villages semblent plus touchés par le phénomène que d’autres.

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