
La mort
La mort est la seule certitude de tous les peuples de Catchaluk. Elle est une question très importante voire sacré s'accompagnant irrémédiablement de divers rites visant à accompagner le défunt dans son voyage ou à l'appaiser pour protéger les vivants.
La naissance
La question de la vie après la mort est une question importante pour tous les peuples de Catchaluk. Croyance structurante des cultures elle s’avère plutôt uniforme même si elle possède de nombreuses variations. Pour les peuples de Catchaluk, la vie est perçue comme cyclique. A sa mort l’âme de la personne devra faire un long voyage souvent pénible avant de rejoindre le qetec de son peuple. Ce dernier jugera alors le mort selon différents critères et aura généralement plusieurs grands choix :
-réincarner la personne sur terre en un humain du même peuple. C’est ce qui est globalement considéré comme la voie la plus normale qui est réservée aux humains ni particulièrement exceptionnels ni particulièrement méprisables.
-accorder un meilleur destin à l’âme : le plus souvent il s’agira de réincarner l’âme de la personne en un animal sacré de ce peuple où elle sera envoyée dans un monde meilleur. A noter que ce monde disparaitra comme le reste à la fin des temps.
-pour les personnes les plus méprisables on trouve plusieurs réponses mais globalement l’âme sera punie pour une durée d’une vie. Certains peuples pensent même qu’elle peut être détruite.
Le cas des sacrifiés est un cas à part puisque l’on distingue deux cas. Les sacrifiés volontaires (ainsi que les prêtres) sont toujours considérés comme ayant accompli quelque chose de grand et ils se réincarneront le temps d’une vie en une créature sacrée. A l’inverse les personnes sacrifiées de forces seront-elles réincarnées en créatures sacrifiables de plus ou moins grande importance selon la vie menée. Ceux qui étaient des guerriers se réincarnent en aigle, les sages en singes, les artistes en aras, les agriculteurs en rongeurs etc… A noter qu’à leur tour les animaux sacrifiés se réincarnent en humains soit dans le même peuple que leur précédente vie, soit dans le peuple qui les a sacrifiés.
Le chemin de l'âme
Une croyance commune à tous les peuples est qu’une fois mort, l’âme de la personne n’atteint pas directement le lieu où elle sera jugée mais par le qetec mais devra d’abord effectuer un voyage faisant de 1 à 7 années lunaires selon les croyances. S’il existe de nombreuses discussions quant au chemin exact que prendrait les âmes et si les âmes parcourent tous le même chemin, il existe un certain nombre de points communs.
Le premier est que bien souvent il s’agit d’un voyage pénible durant lequel l’âme traversera durant un temps plus ou moins long les 7 inframondes devant affronter des épreuves avant d’atteindre le 3ème ciel où elle sera jugée. Durant ce voyage, il est de coutume de penser que l’âme sera guidée par l’esprit d’un animal tutélaire du peuple, un chien, voire selon certaines cultures les esclaves et serviteurs sacrifiés avec lui.
S’il existe de nombreuses théories sur les épreuves à traverser la plupart des légendes s’accordent sur un premier passage par un fleuve puis durant le périple, traverser une grande plaine couverte d’os ou encore une montagne brulante.
Atlecs et aweches:
Comme sur de nombreux points atlecs et aweches partagent une même vision de la mort. Une fois l’âme du défunt devant leur qetec, cette dernière est alors jugée en fonction de plusieurs critères. Le premier sera le respect des coutumes et traditions de son peuple. Une personne qui ne les aurait pas respectées verrait alors son âme retenue durant 7 années lunaires où elle serait torturée, ou, si elle a vraiment commis des actes d’une grande ignominie, cette dernière serait dévorée par les patchamas. Le second point qui est examiné est le fait d’avoir nourri les dieux. Pour espérer ne pas être réincarné de nouveau en homme, une personne aura dû au cours de sa vie nourrir les dieux. Si c’est une chose évidente pour les prêtres, cela peut aussi se faire de manière détournée comme un guerrier qui fait des captifs qui seront ensuite sacrifiés ou le fait pour une riche personne de payer de nombreux esclaves qui seront sacrifiés. Enfin pour une personne sans le sou ou talent guerrier particulier, il reste la possibilité de se donner elle-même en sacrifice. A noter que ceci n’est pas toujours accepté surtout si la personne a connu une « mauvaise vie » ou ferait un mauvais sacrifice (trop vieux ou malade). Dans la majorité des cas, les personnes se réincarneront en humain mais pour ceux qui ne le font pas leur place dans la société déterminera leur avenir. Les guerriers et paretches seront réincarnés en aigle, les personnes du peuple seront pour la plupart envoyés dans une terre prospère où ils pourront vivre une vie loin de la maladie et des affres de la guerre. Les prêtres et paretches de haut rang sont envoyés dans la maison du soleil un vaste palais très riche où ils ne manqueront de rien.
Zacoalts :
Tous les zacoalts partagent une même vision et appréhension de la mort. Une fois son voyage terminé l’âme du mort est jugé par le qetec selon de nombreux facteurs : piété filiale, respect des traditions, prouesses… mais le plus important est d’avoir bien servi sa communauté. Ce point s’entend au sens très large mais un très haut degré d’abnégation est attendu pour espérer pouvoir avoir le droit à une meilleure après vie. Il n’y a pas de consensus sur cette après vie, chaque peuple y apportant ses subtilités. Dans tous les cas il s’agirait d’un lieu transitoire plus ou moins agréable où les morts pourraient surveiller les vivants avant de se réincarner. A noter que cela ne concerne pas les guerriers morts au combat, les femmes mortes en couche ou encore ceux s’étant donné en sacrifice. Ces derniers, de par leur mort violente et héroïque vont se réincarner en colibri, animal sacré des zacoalts et pourront passer du monde des morts à celui des vivants. A l’inverse les personnes ayant eu une trop mauvaise vie verraient leurs âmes envoyées aux patchamas où elle serait dévorée.
Tiguis :
Pour le peuple tigui, les choses sont légèrement différentes des autres peuples. En effet l’âme du mort une fois arrivé à son jugement ne sera pas tant jugé sur sa vie (même si une vie trop immorale le condamne à la réincarnation) mais surtout sur les circonstances de sa mort. Une mort héroïque au combat, en affrontant les éléments ou en cherchant à relever un grand défi assure de ne pas se réincarner. De même ceux ayant accompli de très nombreux actes de bravoure (et donc renforcer leur waaketcha) peuvent espérer accéder au même après. Leur âme sera alors séparée en deux. Une partie se réincarnera en goéland ou en raie (animaux sacrés de ce peuple) pour veiller sur leur famille, l’autre ira rejoindre une terre d’abondance où elle retrouvera ses ancêtres et les autres membres de son waaketcha. A noter qu’une personne qui aura connu une vie particulièrement infâme sera réincarnée en animal et ne pourra plus jamais retrouver un corps humain.
Cutchakans et iktomis:
Pour les cutchakans et iktomis une grande différence réside dans la nature du parcours de l’âme avant d’arriver à son jugement. Si ce dernier comprend des étapes similaires à d’autres croyances il est dit que plus la personne a été mauvaise et plus la route sera difficile. Une fois devant le qetec la personne sera jugée sur le fait qu’elle ait ou non accompli son destin. Si elle l’a fait, qu’elle a réussi à suivre sa voie, elle pourra se réincarner en chauve-souris, animal sacré de ce peuple. Sous cette forme elle pourra passer par les cavernes vues comme des liens privilégiés entre les morts et les vivants. Si elle n’a pas accompli son destin, elle devra alors se réincarner en humain pour vivre une nouvelle vie.
Iktomis :
Les iktomis pratiquent une forme de double mariage : un officieux et un officiel. Le mariage officieux est généralement une union de fait où deux personnes décident de s’unir et de vivre ensemble, le plus souvent après avoir obtenu l’accord de leurs parents ce qui donne lieu à une première fête plutôt intimiste. Ce premier mariage est assez libre, peut se terminer abruptement et n’ouvre aucun droit officiel. Le second mariage, lui officiel, se fait lors de jours précis durant lesquels les mariés officieux viennent officialiser leurs unions. Lors de ces jours, de grandes fêtes sont organisées et l’on marie plusieurs couples en même temps. Les couples se présenteront en étant attachés l’un à l’autre, souvent par les vêtements et seront purifiés par un prêtre, une fois tous les couples purifiés le prêtre leur rappellera leurs droits et devoirs puis un membre de l’administration prendra acte des mariages. Il s’ensuivra alors une grande fête publique qui durera jusqu’à la nuit tombée.
Tucoyas:
Les tucoyas ont une vision de la mort qui diffère légèrement de celle des autres peuples. Pour eux, au moment de la mort l’âme du défunt se divise en deux. Une part reste dans son corps pour veiller sur les membres de sa tribu et l’autre fait le grand voyage vers son jugement. Si la route est réputée très difficile, le jugement, lui, est vu comme bien plus bienveillant que pour les autres peuples. En effet, à moins que la personne n’ait vécu une mauvaise vie, elle sera toujours réincarnée en abeille animal sacré de ce peuple. La partie de l’âme restée sur terre sera certes liée au corps mais pourra communiquer avec les âmes des autres défunts et retrouvera ainsi les membres de la tribu décédés.
Akoutlals :
Une fois devant leur qetec, l’âme des akoutlals subira un examen particulièrement méticuleux et trois choses seront regardées. Le fait que la personne n’ait jamais commis d’acte violent volontairement dans sa vie d’adulte, son respect strict des traditions et sa piété filiale. Il est dit que le moindre écart de conduite sera fortement réprimandé par le qetec la personne subissant d’horribles tortures avant de pouvoir enfin de réincarner en humain. A noter que les actes vraiment infâmants toucheront aussi l’âme des enfants à naitre de cette personne qui même en cas de vie exemplaire devront se réincarner en humain. Pour les rares personnes réussissant à répondre aux attentes de leur qetec pourront accéder à un lieu idyllique où ils rejoindront leurs ancêtres. Ce lieu n’est cependant pas toujours la fin car toute mauvaise action en ce lieu verrait l’âme de la personne être réincarnée en humain de nouveau.
Oxotllis :
Bien que très différents, les divers peuples oxotllis partagent une même vision globale de la mort. Pour les oxotllis le voyage de l’âme est considéré comme assez court et est bien moins difficile que celui des autres peuples. Une fois devant le qetec l’âme sera jugée selon que la personne ait bien agit, ait respecté les traditions de son peuple mais surtout sur le fait qu’elle se soit montré dévouée pour les siens. Le jugement peut se montrer très dur, la plupart des personnes étant réincarnées en humains. Cependant un petit nombre de personnes ayant vécu une vie suffisamment bonne pourront rejoindre leurs ancêtres et surveiller les vivants. Il est dit qu’en ce lieu on trouve bien plus de femmes que d’hommes puisque dans la pensée oxotllie, les femmes sont vues comme naturellement meilleures que les hommes. Pour ceux qui auront vécu une trop mauvaise vie, la croyance la plus commune veut que, plutôt que d’être torturés, ils soient réincarnés en animaux qui seront chassés et mangés.
Les rites mortuaires
Il existe de nombreuses formes de pratiques mortuaires dépendant tant du peuple que de la communauté. Bien que parfois accompagnés de fêtes, ces rites sont généralement considérés comme tristes sauf chez les tiguis où la perception de la mort est légèrement différente. Quoiqu’il en soit les rites mortuaires partagent un certain nombre de points communs et notamment le don d’offrande destiné à aider l’âme du mort dans son futur voyage. Autre point commun à de nombreux rites, au-delà de l’enterrement, la crémation etc… il n’est pas rare que le rite principal soit suivi d’autres à intervalles réguliers visant justement à aider le mort durant toute la durée du voyage qui sépare son âme de son jugement. De même, il peut être commun de sacrifier un animal ou des personnes avec le mort les personnes lui servant de serviteur dans son voyage et l’animal de guide ou de nourriture.
Bien qu’un prêtre ou un chaman puisse être présent lors du rite principal, ces derniers ont un rôle très variable selon les coutumes et bien souvent l’essentiel des pratiques comme préparer la tombe ou un bucher, recueillir les os etc… revient aux proches de la victime ou dans certains cas à un spécialiste.
De manière globale, on observe pour les gens du commun une grande divergence des rites selon la taille de la communauté. Dans les petits villages c’est tout le village qui participe aux rites mortuaires, cependant dès lors qu’une communauté grandit, seule la famille la plus proche (parents, enfants, frères et sœurs) assiste directement aux rites à proprement parler… les amis et autres connaissances pourront parfois au mieux assister à une fête ultérieure. Une exception notable à cette règle concerne les professionnels payés pour participer, notamment des pleureuses mais aussi la présence du médecin ayant failli à soigner le décédé en cas de maladie ou de blessure.
Sacrifiés et esclaves
La question des rites mortuaires dédiés aux esclaves et sacrifiés d’autres peuples est toujours épineuse. Bien qu’elle n’ait pas de réponse universelle, l’une des plus courantes consiste simplement à se rapprocher des coutumes de son peuple en se limitant au minimum c’est-à-dire l’incinérer ou l’enterrer. Si des personnes du même peuple sont présentes ces dernières peuvent être invités à exécuter correctement les rites nécessaires bien que cela ne soit pas toujours le cas.
Au sein de l’empire atlec, une attention toute particulière est donnée au respect des croyances et coutumes des peuples soumis quand bien même ces derniers seraient jugés inférieurs. Ainsi il n’est pas rare qu’un paretche fasse appel à des personnes de la communauté du décédé pour qu’ils viennent effectuer le rite comme il se doit quitte à les faire voyager à ses frais.
Atlecs et aweches:
Chez ces peuples les rites mortuaires vont généralement commencer avant la mort de la personne. Lorsqu’une personne est gravement malade ou trop blessée pour être soignée, elle fait venir un prêtre à qui elle devra raconter sa vie et tout ce qu’elle a fait de bien et de mal durant cette dernière. Elle lui versera une certaine somme qui permettra au prêtre d’acheter un sacrifice. Une fois la personne morte, la première action du prêtre sera de faire un sacrifice au qetec tout en énumérant les bonnes actions qu’a fait la personne dans le but de favoriser le jugement en sa faveur et d’annoncer sa venue. Si la personne n’a pas pu le faire de son vivant, cette action doit être entreprise par ses proches avant que le corps ne soit trop décomposé ou qu’il soit incinéré sans quoi le plaidoyer du prêtre ne vaudra rien.
Après cette première étape, le corps sera lavé, habillé, coiffé par la famille (y compris pour les paretches) et sera placé sur un bucher funéraire. Ce dernier se fait généralement dans la cour de la maison. Sur le bucher seront aussi placés un chien fraichement tué dont le rôle sera de guider l’âme du mort dans son voyage, ainsi que de la nourriture pour la nourrir et des tissus pour qu’elle s’habille. Le bucher est allumé à l’aube en présence du prêtre ayant entendu la confession et qui devra certifier avoir plaidé la cause du mort. La famille devra rester là jusqu’à ce que le bucher s’éteigne, il est autorisé de pleurer mais pas de parler. Une fois les flammes éteintes, le prêtre ira récupérer les ossements du mort et la famille devra nettoyer la place en préparation d’une fête pour le lendemain où les amis et la famille éloignée du défunt seront conviés. Les ossements pris par le prêtre seront réduits en poudre et dispersés aux jours de grand vent depuis le haut de la pyramide.
Les incinérations des personnes importantes sont similaires à l’exception que des esclaves seront ajoutés au bucher pour servir le mort dans son voyage d’après vie. Parfois des gardes ainsi que la compagne se dévoueront aussi volontaires pour l’accompagner dans la mort. De même, si le bucher restera un évènement privatif ne concernant que la famille proche de la personne et parfois ses serviteurs les plus dévoués, de nombreuses pleureuses seront parfois louées pour assister à la cérémonie en se lamentant. De plus pour ces personnes, les ossements récupérés ne seront pas dispersés dans le vent mais mis dans une amphore qui sera conservée dans une pièce dédiée dans un temple ou une pyramide.
Contrairement à la plupart des autres peuples il n’y a pas de rituels postérieurs à la crémation. Une fois cette dernière terminée, on pense que les vivants ne peuvent plus aider l’âme du mort qui devra alors se débrouiller seule avec ce qu’on a pu lui donner.
Zacoalts :
Il existe chez les zacoalts une grande variété de rites funéraires dépendant en grande partie du statut social de l’individu. Dans tous les cas le rituel commence après la mort de la personne.
Concernant les personnes du commun, dans un premier temps elle est lavée puis habillée de ses plus beaux vêtements, on prépare aussi avec attention les objets qui l’accompagneront dans l’au-delà ainsi que de la nourriture. Le matin de l’enterrement on creuse depuis l’extérieur de la maison une fosse profonde d’au moins deux mètres puis une petite cavité menant sous la maison. L’heure de l’enterrement à proprement parler dépend de la coutume locale mais cela a rarement lieu avant midi et jamais une fois la nuit tombée. Dans un premier temps le cadavre est mis à la vue de tous pour que la famille présente mais aussi les notables locaux puissent s’ils le souhaitent dire au revoir au défunt. Il est de coutume que chaque personne qui passe laisse auprès du cadavre un petit morceau de nourriture, des fleurs ou des richesses. Durant ce temps les personnes présentes raconteront généralement les grands accomplissements du mort mais pourront aussi le pleurer. Le moment venu le prêtre chargé assistant à l’enterrement fait généralement sonner un gong, une cloche en bois, une conque ou tout autre instrument rituel. Il garnit la bouche du mort avec la nourriture et les richesses qui ont été données et les membres de sa famille l’installent alors soit allongé le regard vers le ciel soit en position assise dans la cavité créée sous la maison. Durant cette partie du rituel tous doivent rester silencieux. La famille dépose aussi les principaux outils dont se servait le mort ainsi que des fleurs. Les outils sont là pour rappeler au mort sa vie, mais aussi pour être des preuves de ce qu’il était au moment de son jugement. Les fleurs sont déposées pour rendre le voyage de son âme plus agréable. On va ensuite recouvrir la cavité de terre et ce n’est qu’une fois cela terminé que les personnes présentes pourront parler. Une fête sera parfois organisée le soir ou les jours suivants et à chaque nouvelle lune durant une année lunaire on versera un peu d’alcool ou on déposera un peu de nourriture là où a été enterré la personne.
Si l’enterrement des nobles et prêtres est assez similaire si ce n’est que les offrandes sont plus importantes, le cas des notchapas et lipotls est relativement différent. Pour ces derniers il n’existe pas de rituels précis dans le sens où il varie fortement d’une cité à l’autre. Cependant l’idée générale sera d’organiser une grande cérémonie sur plusieurs jours le premier visant à informer la population et s’occuper du corps du défunt, le second à pratiquer le rite funéraire en tant que tel, le suivant à organiser de grandes cérémonies de lamentation et enfin plusieurs jours sont consacrés à de grands banquets publics. De manière globale, les rites mortuaires de ces personnes importantes diffèrent de celui du commun dans le sens où ils chercheront à laisser une trace. A ce sujet plusieurs solutions peuvent exister. Parfois le personnage est simplement laissé dans une tombe de pierre, d’autres fois on sculpte une statue en bois à son effigie, on retire la peau du défunt, on fait bruler ses restes que l’on met dans la statue de bois que l’on vient finalement recouvrir de la peau du défunt. Une autre pratique courante consiste après avoir retiré la peau du défunt à le décharner intégralement puis à recouvrir ses os d’une sorte de pate épaisse reproduisant ses traits puis d’y attacher la peau du mort. Dans des cas plus rares, seule la tête subit une momification. Ce rituel s’accompagne aussi du sacrifice de serviteurs, de gardes, d’animaux et parfois de membres de la famille du défunt qui l’accompagneront et l’aideront dans la mort. L’ensemble des corps est alors généralement mis dans une tombe d’une pyramide qui sera refermée par une épaisse dalle de pierre gravée. Durant au moins 7 années lunaires des offrandes de tissus, de nourriture et de biens précieux seront régulièrement faites devant la tombe.
Tiguis :
La perception de la mort chez les tiguis est radicalement différente de celle des autres peuples ce qui se ressent dans leurs coutumes mortuaires. En effet pour les tiguis la mort n’est pas considérée comme une chose triste mais à l’inverse comme une libération des fardeaux de la vie. Il en résulte que les pratiques mortuaires des tiguis et rites qui les accompagnent sont particulièrement joyeux et donnent lieu à de grandes festivités.
De manière plus pratique, une fois la personne morte le prêtre ou le chaman du clan ainsi que sa famille recouvreront son corps de roucou de manière à le préserver ce qui lui donne aussi une teinte rouge. La famille et les amis s’attèleront alors à lui fabriquer un grand manteau de plumes particulièrement coloré et comprenant des perles, des coquillages etc… Dès que le manteau est prêt, une grande fête est organisée prenant la forme d’un grand banquet se déroulant autour d’un grand bucher funéraire au sommet duquel est assis le mort avec ses armes ou outils, un harpon et une rame. La fête durera plusieurs heures et plusieurs fois on donnera à manger au mort en versant de l’alcool sur le bucher ou en déposant de la nourriture dans de grandes jarres. On lui donne aussi des plantes hallucinogènes et euphorisantes pour l’aider à passer un bon voyage. La fête doit durer l’intégralité de la nuit et le bucher n’est allumé qu’aux premiers rayons du soleil. Tant que le bucher durera on racontera des histoires au sujet du disparu en accentuant volontairement ses accomplissements. Ce n’est qu’une fois le bucher éteint et refroidi que le prêtre ou chaman va récupérer les os et les restes calcinés pour les broyer et les mettra dans une jarre. Selon les clans, cette jarre sera enterrée, gardée précieusement dans un endroit dédié ou son contenu sera déversé par un membre de la famille en plein océan. Régulièrement, des membres du clan iront déposer un peu de nourriture ou effectueront des libations dans un endroit dédié pour nourrir le mort dans son voyage. A noter qu’il n’existe pas de différence de pratiques mortuaires entre les personnes si ce n’est concernant leur durée. Plus la personne morte est importante et plus la fête lui étant consacrée sera importante et longue allant parfois pour les chefs réputés jusqu’à trois ou quatre jours entiers.
Point important le respect des rites mortuaires est particulièrement important pour les tiguis et aucun chef tigui n’autoriserait un raid sur des personnes organisant un rite mortuaire. Ceci vaut autant pour les rites des tiguis que des autres peuples bien que souvent les tiguis se moquent des rites des autres les jugeant trop « tristes et apitoyants ».
Cutchakans :
Dans la société cutchakane, la mort est considérée comme une chose que l’on doit garder le plus éloigné possible de la vie et ceci notamment en raison de la croyance que l’âme d’un mort peut rester sur terre si elle perçoit que l’on y est toujours attaché et que si elle reste sur terre non seulement cela risque de lui porter préjudice au moment de son jugement, mais cela peut aussi nuire à sa famille et toute sa tribu. On retrouve cette volonté d’éloigner le mort le plus possible des vivants dans les rituels au point que les cutchakans considèrent comme choquant les pratiques de nombreux autres peuples comme la momification. Une autre particularité des cutchakans est que le rite mortuaire est le même quel que soit le statut de l’individu.
Il existe de nombreuses variables dans les rites mortuaires mais généralement à la mort d’un individu, ce dernier sera habillé, peigné et nettoyé. Dans un même temps un groupe de personne va s’éloigner du village d’au moins une heure de marche et dressera une petite plateforme en bois. Le moment venu le chaman de la tribu ainsi que les proches du défunt apporteront le corps à la plateforme ou il sera laissé durant au moins trois mois lunaires. On sacrifiera parfois un chien avec le corps pour qu’il serve de guide à l’âme du mort et on lui laisse des réserves de vivres ainsi qu’une arme (souvent une hachette) dans le but de se défendre dans le périple à venir. Aucune cérémonie particulière n’est faite une fois le corps déposé à part une parole du chaman souhaitant un bon voyage à l’âme du mort et demandant au qetec de leur peuple d’être indulgent avec lui. Une fois cela fait, les personnes présentes retourneront au village et une grande fête aura lieu où il est de coutume de boire et de manger plus que de raison. D’autres fêtes similaires auront lieu durant plusieurs mois pour faire comprendre à l’âme, si elle est toujours sur terre, que ses proches n’ont plus besoin du défunt et qu’il peut partir en paix. Au bout de plusieurs mois le chaman ou un assistant ira récupérer les os du mort et s’ils sont bien décharnés il les ramènera dans la tribu où ils seront calcinés et réduits en poudre avant d’être dispersés dans le vent. Ce rituel a lieu même si la tribu a migré et est important car le fait que les os soient totalement nettoyés est la preuve que l’âme est bien partie. Il arrive ainsi que même après une migration, un petit groupe soit envoyé à la recherche des ossements.
Ce rituel est souvent accompagné d’autres pratiques propres à chaque tribu ayant toujours pour objectif de ne pas inciter l’âme du mort à rester. Parfois le cadavre est abandonné de nuit pour que l'âme ne puisse retrouver son chemin. D’autres fois sa tente est déplacée ou intégralement nettoyée de même que ses affaires. Une autre coutume très courante est qu’une fois que le cadavre a été laissé, il est interdit de prononcer le nom du mort jusqu’à ce que ses os soient retrouvés au risque de le rappeler. Chez certaines tribus, seules les personnes les plus proches du défunt peuvent assister au dépôt du corps de sorte qu’elles soient les seules (avec le chaman) à pouvoir le retrouver.
Iktomis :
Les rites mortuaires iktomis sont sensiblement différents de ceux des cutchakans dans le sens où le corps n’est pas éloigné de la communauté ou du moins pas totalement. De manière globale il semble s’inspirer de ce que les iktomis savent ou du moins pensent savoir des anciens cutchakans et leurs rituels semblent plus être une reconstruction à laquelle on aurait ensuite redonné un sens qu’autre chose. On y retrouve aussi des influences atlèques notamment concernant le rôle du prêtre car à l’instar de ce peuple, il est de coutume qu’avant la mort, le mourant parle au prêtre de sa vie et lui donne une certaine somme qui lui permettra d’acheter un sacrifice pour plaider la cause du mort.
Comme pour les autres peuples l’inhumation commence toujours par la préparation du corps qui est lavé, peigné etc… mais le rite demande aussi d’autres préparations. Un manteau comprenant de la peau est spécialement préparé pour l’occasion, des excentriques en silex ou obsidienne, ainsi qu’un masque peint en bleu. Si cette préparation est censée se faire la veille de l’inhumation, dans les faits elle commence souvent quelques jours avant et certains artisans spécialisés font des stocks d’objets mortuaires. Le jour du rite à proprement parler la famille et les proches ainsi que le prêtre s’éloignent de la ville ou du village en apportant chacun une ou plusieurs offrandes. Une tombe est creusée à même le sol et le cadavre y est déposé avec ses nombreuses offrandes. Souvent un animal comme un lama ou un chien est sacrifié pour l’accompagner. Il est mal vu de pleurer durant le rite car cela pourrait retarder le départ du mort. L’enterrement est cependant accompagné de coups réguliers de tambours. Les personnes présentes rentrent alors à leur village et une grande fête est organisée pour montrer au mort que la vie continue pour les vivants. Il est de coutume de ne pas parler du mort durant cette fête. Deux autres fêtes seront par la suite organisées durant les deux mois lunaires qui suivent la dernière marquant le départ théorique du mort. Il est toujours interdit de prononcer le nom du mort durant ces fêtes.
Chez les iktomis, il existe une distinction particulière pour les personnes importantes et notamment le huatan. Ce dernier ainsi que les grands chefs militaires ne sont pas enterrés loin de leur lieu de vie mais dans une pièce spéciale sous un temple ou une pyramide. Cependant pour maintenir le mort à distance, la pièce est totalement scellée une fois le rite terminé. Fait étonnant il est de coutume que les prêtres et chamans déposent devant ces tombes des vivres ou des richesses pour aider le mort dans son voyage, chose impensable pour un homme du commun car cela risquerait d’empêcher leur âme de partir.
Tucoyas:
Comme le reste de leur culture les rites mortuaires des tucoyas sont assez atypiques. Ces derniers sont toujours dirigés par le chaman et ses apprentis qui viennent dans le village du mort pour l’occasion. Dans la culture tucoya tous ont droit aux mêmes rites (chaman compris). Les rites mortuaires commencent le plus rapidement possible après le décès. Le chaman et ses assistants auront pour tâche de préparer le corps du mort. Ce dernier sera momifié. Pour ce faire ses organes lui seront retirés par le fondement puis les cavités sont rebouchées à l’aide de tissus. On place dans la bouche, sur les dents et dans le nez du coton pour que le visage garde sa forme. La momie est ensuite habillée, placée en position fœtale et attachée. Dans les mains on lui place souvent un macana pour l’aider dans son voyage à venir ainsi que des objets symbolisant ses forces ou réussites. La momie, alors en position fœtale est recouverte de bandelettes de tissu maintenues à l’aide d’un mélange d’eau et de diverses plantes aux vertus revigorantes. En parallèle, plusieurs membres du village, souvent de la famille du défunt, préparent le sarcophage du mort. Ce dernier est réalisé en terre cuite et à la forme d’un grand cône recouvert d’un visage stylisé. Il sera souvent peint et habillé d’une écharpe de tissu coloré. Une fois le corps et le sarcophage prêt, le rite mortuaire peut enfin commencer. Il fait bien souvent appel à tous les tucoyas adultes du village (les autres ne pouvant pas participer) et prend la forme d’une procession vers le lieu de repos du défunt. La momie est placée sur une litière réalisée pour l’occasion et les habitants y déposent diverses offrandes, le plus souvent de la nourriture. La procession sera menée par le chaman et sur le trajet les membres de la famille et tous ceux qui le souhaitent pourront pleurer de manière très visible et bruyante. Ce cortège sera souvent accompagné de musique. On se lamentera sur le sort du défunt et son départ trop précoce. Bien souvent la route sera longue et difficile jusqu’au cimetière choisi. Ce dernier se trouve toujours à flanc de falaise dans des zones balayées par les vents et presque inaccessibles. Là, la momie sera déposée à même le sol et recouverte de son sarcophage. Une attention toute particulière est portée au fait que la momie et son réceptacle regardent en direction du village. Le sarcophage est ensuite attaché au sol à l’aide de pierres et de mortier. Le chaman s’adressera alors au qetec pour rappeler tout ce qu’a fait de bien la personne durant sa vie et l’on déposera des offrandes au pied du sarcophage pour l’aider durant son voyage.
Une fois cela fait, tous retournent au village et une grande fête est organisée. Le but est de se soutenir et de se rappeler des bons moments vécus avec le mort. Bien souvent ces soirées sont très agitées. Après cette date, plus aucun culte particulier n’entourera le défunt car les tucoyas considèrent qu’ils ne peuvent plus rien faire pour lui.
Akoutlals :
Sur certains point les rites funéraires des akoutlals sont proches de ceux des atlecs dans le sens où le prêtre jouera un rôle d’intercesseur particulier entre le mort et le qetec du peuple. A la mort d’un individu, les proches de ce dernier viendront voir le prêtre du village pour raconter en détail la vie du mort et donner au prêtre une certaine somme ainsi que des offrandes qu’il pourra utiliser plus tard. Le prêtre aidera alors la famille à préparer le corps en le rendant le plus présentable possible, en lui faisant porter ses plus beaux habits etc… Il n’est pas rare que les membres de la famille proche et amis donnent au cadavre l’un de leurs bijoux, une parure ou une coiffe de plumes de manière à le rendre plus présentable. La personne sera enterrée un jour qui sera déterminé propice sur le calendrier divinatoire car on ne voudrait pas qu’il commence son voyage un mauvais jour. La tombe est toujours creusée à même le sol et de nombreuses offrandes de nourriture et de coquillage y sont laissées. De manière plus rare, on y ajoute des objets auquel le mort tenait particulièrement et une carapace de tortue. On brise alors plusieurs poteries devant avoir été utilisées pour contenir de l’eau ou de la nourriture et on recouvre le corps de tessons avant de recouvrir la tombe. Cet enterrement donne lieu à de nombreuses lamentations très poignantes et volontairement surjouées de la part de toute la communauté pour faire comprendre au qetec à quel point la mort est arrivée trop tôt et à quel point l’individu était bon. Une veillée funèbre est alors organisée et durant plusieurs jours les membres de la famille auront interdiction de boire de l’alcool, de prendre des substances euphorisantes ou de pratiquer le jeu ou la musique.
Pour les akoutlals, l’âme ne quitte le corps qu’avec sa décomposition qui dure selon eux un mois lunaire. Cette période révolue, le prêtre fera alors un sacrifice au qetec pour lui demander de bien accueillir l’âme du défunt et de bien le juger car il a eu une bonne vie. Une fois fait, le prêtre retourne auprès de la famille les informant qu’ils peuvent reprendre une vie normale. Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’à lieu une fête célébrant le renouveau pour la famille et le départ de l’âme du mort.
Oxotllis :
Malgré leur répartition géographique et leurs différents culturels, il existe une étonnante cohérence dans les rites funéraires oxotllis. Pour les oxotllis la mort d’une personne n’est pas considérée comme une chose normale mais plutôt comme une maladie qui n’a pas pu ou a mal été soignée. Pour ces raisons, ils ont peur que l’âme du défunt ne vienne se venger sur les vivants, cette dernière restant dans les environs jusqu’à ce que le cadavre soit totalement décomposé. La mort n’est cependant pas non plus vue d’une manière classique. En effet la notion de mort correspond plus exactement au départ de l’âme et non à l’extinction des fonctions vitales. Ainsi une personne très gravement malade ou que l’on n’arrive pas à réanimer sera réputée morte et son âme partie et il ne servira plus à rien de tenter de la sauver. Ce serait même la pire chose à faire car tant que son corps continuerait de vivre, son âme resterait bloquée sur terre… Ainsi une personne qui aurait été déclarée morte par un médecin, un chaman ou un prête sera toujours considérée morte même si son état est revenu à la normale. Il est alors de coutume de la tuer pour permettre à son âme de partir.
Pour ce qui est de la pratique funéraire en elle-même, elle a pour but d’accélérer la destruction du corps pour éviter que l’âme ne se venge et reste trop longtemps dans ce monde. Pour ce faire les oxotllis pratiquent la crémation souvent réalisée loin du village. Durant cette crémation le chaman demandera à l’esprit de partir. Parmi les personnes présentes se trouvent aussi celle qui a soigné le malade et qui devra faire preuve d’humilité et demander pardon au mort tout en étant frappé rituellement par les autres personnes présentes. Le but est d’apaiser l’éventuelle colère du défunt. Une fois fait, la personne dirigeant la cérémonie récupère les os qui seront mis dans une grande jarre. Cette jarre est d’une qualité très variable. Chez les zinixts, akabims et hulcehs elle est créée pour l’occasion est particulièrement ouvragée. Chez les xibans il s’agit le plus souvent d’une jarre ayant servi à la confection d’alcool, et chez les maras elle n’est pas colorée mais reprend grossièrement une forme humaine. Dans tous les cas la jarre ne possède jamais de couvercle. Une fois les os disposés, on y ajoute de la nourriture et de nombreux objets rituels dépendant de la coutume locale. L’objectif est de donner au mort des choses qui pourront l’aider dans son voyage comme des plantes médicinales, des outils ou des statuettes censées représenter des qualités dont il aura besoin ou des animaux qui le guideront. Une fois cela fait la jarre est enterrée dans un endroit dédié par le chaman, une veillée aura souvent lieu où l’on racontera avec plus ou moins de tristesse la vie du mort, on partagera les souvenirs communs et parfois elle sera accompagnée d’un jeune. A chaque fête dédiée au qetec, le chaman viendra là où sont enterrées les jarres mortuaires pour y verser de l’alcool ou une boisson à base de cacao pour aider les âmes des morts dans l'au-delà. Il n’existe pas de différence d’enterrement selon le statut social de l’individu.