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Les tucoyas

Vivant dans les jungles encaissées du nord-ouest, les tucoyas sont un peuple à part. N’ayant, à l’exception de certains individus, jamais quitté les terres de leurs ancêtres depuis aussi loin que l’on se souvienne, ils sont un peuple isolationniste et très secret. Etant restés presque invaincus durant des siècles, ils sont depuis peu obligés de partager leurs terres ancestrales suite à une victoire de l’Empire Atlec.  

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Apparence des tucoyas

Légèrement plus grands que les autres peuples (tiguis exceptés), les tucoyas hommes comme femmes portent de longs cheveux légèrement ondulés qu’ils laissent le plus souvent détachés. Contrairement aux autres peuples ils ne pratiquent ni le tatouage, ni les scarifications rituelles, ni les peintures corporelles car ils estiment que le corps doit s’assumer tel quel et que ces artifices sont des enfantillages. Souvent très athlétiques, les tucoyas accordent une grande importance à l’entretien du corps que ce soit en le lavant régulièrement ou par l’exercice physique. A noter que les bains se font toujours dans les rivières ou cénotes, les bains de vapeurs ou bassins artificiels étant méprisés car faisant perdre à l’eau certaines de ses propriétés. 

Pour ce qui est des vêtements ces derniers sont le plus souvent très colorés arborant un motif en damier caractéristique de ce peuple. Les hommes portent un pagne tombant sur l’avant, le plus souvent de couleur blanche unie ainsi qu’un léger tissu entourant la taille. Les femmes ont pour vêtement principal une jupe plus ou moins longue formée d’une unique pièce de tissu et maintenue par une broche en os ou en bois sur le côté. Hommes comme femmes portent l’arataku, un tissu carré que l’on enfile sur les épaules par un trou. Ce dernier est parfois remonté en une simple écharpe lorsqu’il fait trop chaud mais n’est jamais retiré. Il est d’une très grande importance car il est considéré à la fois comme la marque du peuple tucoya mais aussi un marqueur du passage à l’âge adulte.

Les bijoux sont eux plutôt rares chez les tucoyas. Souvent petits et discrets ils sont faits de plumes et de bois. On peut y retrouver de petites boucles d’oreilles, des bracelets ou, plus rarement des colliers. Bien souvent ces bijoux sont une marque de réussite que l’on donne à une personne suite à certains évènements. Ils sont très rarement portés au quotidien cela étant jugé comme une coquetterie inutile. Ils sont par contre toujours portés lors des grands évènements, rencontres avec d’autres tribus ou d’autres peuples.

Culture tucoya

Les tucoyas sont depuis toujours extrêmement renfermés sur eux même. Non pas qu’ils détestent fondamentalement les autres peuples, mais ils se considèrent comme le peuple le plus proche du bon mode de vie. La plus importante légende de leur peuple raconte comment ils furent créés comme les premiers humains puis comment les autres peuples, leurs petits frères furent chassés du centre du monde (là où les tucoyas vivent toujours) car ils n’en étaient pas dignes. Se voyant comme supérieurs aux autres peuples, ils ne se sentent pas pour autant investis d’une quelconque mission civilisatrice et se contentent de protéger leurs territoires contre leurs petits frères. A noter que lorsqu’un étranger pénètre leur terres, il sera rarement tué sur le champ et on l’invitera d’abord à quitter les lieux. Si ces étrangers insistent ils seront alors combattus par la force et chassés ou pour certains réduits en esclavage. A l’inverse les tucoyas ne s’aventureront normalement pas hors de leurs terres qu’ils considèrent comme la meilleure et le centre du monde. A ce sujet un lent changement s’opère et certaines tribus frontalières vont parfois envoyer un de leur membre négocier avec les autres peuples. 

Les relations sont assez différentes entre tucoyas de tribus différentes. Ces tribus sont souvent assez poreuses et si l’attachement à sa tribu d’origine est fort, il est courant de se marier avec des membres de la tribu voisine. Les tribus proches vont d’ailleurs souvent se retrouver pour des évènements ou échanger. Il n’est pas non plus rare que des tribus s’opposent ce qui mène à des combats d’une rare violence si les discussions n’aboutissent à rien. 

Un autre point important est que les sociétés tucoyas sont extrêmement égalitaires. Formant des tribus allant de 200 à 400 individus, ces dernières n’ont généralement pas de chef les décisions étant prises par tous lors de longues discussions. Les tucoyas ont d’ailleurs un très grand intérêt pour les longues discussions et le goût du compromis. Un seul individu se démarque du lot, le chaman. Ce dernier est très différent des autres peuples puisqu’en règle générale, un chaman n’est pas rattaché à une unique tribu mais à un ensemble de 3 à 5 tribus. Pour ce qui est de la parité on constate qu’hommes comme femmes participent aux discussions et ont un poids similaire dans les décisions et tous deux participent aux principales activités dont la guerre. Paradoxalement il existe par traditions une partition très marqué des  activités réservées aux hommes (tissage,  céramique, travaille de la pierre...) et d’autres réservées aux femmes (filage, teinture, plumasserie...). Dans la vie courante il n’y a pas de prédominance d’un sexe sur l’autre et les tucoyas reconnaissent sans problèmes les couples du même sexe. A noter que pour ce peuple, les femmes sont considérées comme plus proches de la divinité que les hommes et par conséquent faire du mal à une femme tucoya est très lourdement condamné.

Coutumes tucoyas

Alimentation

Les tucoyas s’entourent de nombreuses règles autour de l’alimentation. La viande n’est consommée que sur certaines périodes, le poisson sur d’autres… parfois des périodes de jeûne s’imposent. Le repas le plus important pour ce peuple est celui du soir. Généralement pris par tout le village il est une occasion de se retrouver. Il est en revanche très mal vu de parler des problèmes du village en mangeant, et l’on estime que des négociations mènent à des tensions qui nuiront à la qualité des aliments. La musique est très présente lors des repas surtout durant celui du soir et il se termine souvent par des récits des anciens.

Le goût du dialogue

Là ou d’autres peuples ont le goût de la belle parole, de l’éloquence et de la poésie, les tucoyas ont le goût du dialogue. La plupart des membres de ce peuple apprécient particulièrement discuter des problèmes, des évènements, de leurs implications, des états émotionnels, des motivations etc… Fait déstabilisant le but n’est bien souvent pas de convaincre l’autre, mais avant tout de le comprendre et de réussir à se faire comprendre sans artifices rhétoriques. Il en résulte que les discussions des tucoyas sont très longues et parfois exaspérantes pour la plupart des autres peuples. 

La danse au macana

Nommée banimaca dans la langue de ce peuple, il s’agit d’un très ancien rite guerrier. La légende veut qu’il y a longtemps la banimaca était un combat rituel extrêmement violent entre des représentants de deux tribus. Ayant lieu lors de grandes festivités, les participants se battaient pour faire couler le sang et nourrir les divinités. La légende veut qu’un jour les chamans de toutes les tribus se réunirent pour mettre fin à cette pratique car non seulement elle créait des morts inutiles, mais de plus ce n’était pas aux tucoyas qui n’étaient pas chamans de mener ce genre de rite. Aujourd’hui la banimaca est une pratique très importante de la culture tucoya. Il s’agit d’une danse opposant symboliquement deux groupes mixtes armés de macanas. Au son de flutes et de percussions, les deux groupes dansent effectuant symboliquement des parades, attaques, sauts et achèvements au sol. La danse est très énergique et chaque tribu possède sa propre variation. Elle est très souvent pratiquée lors de rencontre entre tribus amies et lors de grandes fêtes. Cette danse a une grande importance sociale car la première fois qu’un individu y participe marque son entrée dans l’âge adulte.

Représentation du vivant 

Les tucoyas considèrent comme particulièrement arrogant de représenter des êtres vivants, des paysages, des plantes ou toute autre chose existante. En effet pour cette culture une représentation de ces choses même la plus fidèle possible sera toujours moins belle que l’originale aussi vouloir «en profiter» de la sorte serait profiter d’une mauvaise copie. Si une personne souhaite voir un animal elle doit en profiter tant qu’elle peut le faire et si elle n’en a pas la possibilité, il est inutile qu’elle se torture ou s’en invente une image via un objet ou une représentation. Les représentations plus symboliques sont encore plus mal vues car elles distordent volontairement la beauté des choses. Il en résulte que l’art tucoya utilise toujours des motifs abstraits qui n’ont généralement pas d’autre sens que leur intérêt esthétique.

La langue tucoya

La langue tucoya est une langue vraiment à part connu du seul peuple tucoya et de quelques très rares étrangers en ayant appris les bases par l’observation. Très fiers de leur langue les tucoyas répugnent à l’enseigner aux personnes extérieures à leur peuple (exception faite des esclaves) estimant qu’ils ne seront pas capables de l’apprendre. 

Le premier point notable concernant la langue tucoya est le nombre très limité de voyelles et consonnes. On ne retrouve que 5 voyelles (i/y, e, a, o, u) et 10 consonnes (b, c, d, m, n, p, t, s, ts). S’il peut en résulter une apparence simple d’autant plus que la langue n’est pas tonale, elle est en réalité complexe en raison du très long débit de parole allié au fait que certaines syllabes se répèteront parfois jusqu’à trois fois d’affilée dans un même mot. Au sein des mots il y a généralement une alternance entre consonnes et voyelles. Le mot commence toujours par une consonne et il est assez rare que plusieurs voyelles se suivent exception faite des verbes ou indication de genre. Dans la construction de ces mots, le tucoya une langue peu agglutinante, en effet les préfixes et suffixes sont rares et sont utilisés dans 3 contextes. Le premier est celui de la conjugaison où le préfixe «na» est utilisé pour marquer la négation. Le second de manière plus générale est l’utilisation d’un suffixe pour indiquer le genre quand il est nécessaire de le préciser. Enfin le cas du pluriel est particulier. Pour indiquer une quantité non fixe (plusieurs/ beaucoup) on viendra doubler ou tripler la première consonne et la première voyelle du mot. Pour indiquer peu/pas pas du tout on utilisera une/deux fois le préfixe «na» devant le nom. L’excès et le manque suivront la même logique mais en doublant la dernière syllabe pour le premier cas ou en ajoutant un «na» dans le second.

Exemple d’évolution du mot poisson "tsime"

Tsime : poisson

Tsitsime : quelques poissons

Tsitsitsime : beaucoup de poissons

Natsime : peu de poissons

Nanatsime : pas de poisson

Tsimeme : trop de poisson

Tsitsimeme : quelques poissons en trop

Tsitsitsimeme : beaucoup trop de poissons

Natsimeme : peu de poissons en trop

Nanatsimeme : pas de poisson en trop

Tsimena : pas assez de poisson

Tsitsimena : manque quelques poissons

Tsitsitsimena : manque beaucoup de poissons

Natsimena : manque peu de poisson

Nanatsimena : ne manque pas de poisson

Concernant la conjugaison, cette dernière se base sur un ensemble de 5 temps : le passé, le passé proche/présent, le présent de vérité générale pour les choses intemporelles, le présent de vérité générale pour les choses temporaires et le futur. Il n’y a pas de voix passive, ou de temps particulier pour marquer l’antériorité. La conjugaison se fait toujours en ajoutant un unique suffixe propre au temps mais qui change selon que le locuteur soit un homme ou une femme. Parmi ces temps le passé proche/présent est assez atypique. Il est utilisé pour décrire une action qui vient de se terminer ou que l’on est en train de faire. L’idée derrière ce temps est que le fait de parler interrompt l’action (car on ne se concentre plus dessus) et elle ne peut donc être distinguée d’un passé très proche. 

Du point de vue de la syntaxe, le tucoya se base sur la structure objet, sujet, verbe. Si des adjectifs sont nécessaires, un nombre précis etc… ils sont toujours placés après le nom sans ordre particulier.  Si une phrase est interrogative, le mot interrogatif sera placé à la fin de la phrase. En tucoya les phrases sont très courtes et simples. 

Les noms

L’une des grandes particularités des noms tucoyas est que ces derniers sont toujours mixtes.

Cacoya, Yeyani, Cainaco, Ciricacu, Camena, Locoda, Receconi, Malece, Arinra, Cemici, Dicope, Diducudun, Tsitinicu, Madunu, Bokotsime, Pakanate, Saratun, Iabutuni, Abadoni, Usanotsi, Totadun, Monopuni, Cafobete, Muyayani, Inabo, Totsadun, Cosanani, Cotaba, Imatoca, Abutade, Aimatina, Maritini, Metesi, Casaloni, Docetini, Uyubadun, Udutsuce, Matutsi, Paronuri, Comotuni, Locene, Cicaba, Doconi, Yopoye, Miratun, Catsada, Etseto, Alecebe, Motsidi, Parudun, Tsutuya, Mabayo, Bicido, Irotun, Dena, Uniaco, Inadun, Aiarun, Codibitsi, Maicadune, Bamina...

Mythe fondateur tucoya

« Voici l’histoire de notre peuple, l’histoire de nos origines et celle du départ des petits frères. Voici pourquoi notre peuple est bon. Voici pourquoi nous vivons au cœur du monde. Voici pourquoi les petits frères vivent dehors.

Quand les yucans eurent fini de créer le monde, ils savaient qu’il fallait des enfants pour les nourrir. Au centre du monde, là où il y avait un grand lac, ils créèrent une terre. Et de cette terre émergea Matso. Il était le fils de la terre et du lac et lorsqu’il sortit de la terre cela créa les collines et les rivières. Il était leur enfant mais il était comme leur frère. Il était un Yucan. A cet enfant ils donnèrent la tâche de créer des hommes pour les nourrir. En ce temps il n’y avait pas de patomas (tehcualt). 

Alors Matso créa les premiers tucoyas. Cela lui prit longtemps car il voulut bien faire les choses. Il choisit de les faire naitre au centre du monde. Là il creusa un trou et planta un grain de maïs car c’est de cela qu’ils se nourriraient. Le maïs grandit et donna naissance à un premier homme. Ce dernier n’était pas bon. Il n’était qu’esprit et pensée et n’avait pas de corps. Matso recommença plusieurs fois et à chaque fois l’homme était incomplet. Le second épi de maïs contenait un homme mais qui n’était qu’une forme comme un vers. Dans le troisième il n’y avait que des os. Le suivant contenait des membres. Dans le cinquième épi se trouvaient les oreilles et les yeux. Dans le sixième la tête, les mains et les pieds et dans le septième le sang. Alors Matso réunit ce qu’il avait trouvé dans tous les épis et broya l’ensemble comme on le fait pour le maïs. Il creusa un trou dans le sol, y déposa la maza et se saigna le membre viril. La maza se transforma en homme et la terre du trou et ce qui s’y trouvait se transforma en femme. Matso fut satisfait. Cette création était belle et bien faite. Elle avait l’esprit et toutes les bonnes proportions. Elle savait de plus comment honorer la terre et les dieux.  Par cette création Matso devint notre patoma mais était toujours un yucan. Rapidement ses premiers humains se nommèrent tucoyas et Matso apprit aux femmes à filer et aux hommes à tisser. Voici comment nous sommes nés. 

Les yucans étaient satisfaits de cette création, mais Matso voulait créer plus. Par de nombreux autres procédés il créa d’autres êtres. Ces derniers étaient grands et puissants mais n’étaient pas comme les tucoyas. Ils étaient arrogants, servaient mal les dieux et déformaient le cœur du monde en voulant construire de hautes pyramides. Ils portaient de grands bijoux et étaient querelleurs. Ils cherchaient toujours à avoir raison. Très irrité de ses échecs Matso demanda à toutes les bêtes de la forêt et aux tucoyas de chasser ses créations imparfaites. Et ceci ils le firent. Ces êtres se cachèrent dans de moins belles régions de la terre et devinrent les patomas des autres peuples. Satisfait Matso laissa nos ancêtres pour rejoindre les autres yucans. Voici pourquoi nous vivons au centre du monde et pas nos petits frères.»

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